- larton
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⇒LARTON, subst. masc.Arg. Pain. File le larton, mec, j'ai les crocs (DUSSORT, Preuves exist., 1927, dép. par G. Esnault, 1938, p. 19).♦ Larton brutal. Pain noir. Larton savonné. Pain blanc. Qu'est-ce que c'est que cela? Le boulanger comprit parfaitement et répondit : — Eh mais! c'est du pain, du très bon pain de deuxième qualité. — Vous voulez dire du larton brutal, reprit Gavroche, calme et froidement dédaigneux. Du pain blanc, garçon! Du larton savonné! Je régale. Le boulanger ne put s'empêcher de sourire, et tout en coupant le pain blanc, il les considérait d'une façon compatissante qui choqua Gavroche (HUGO, Misér., t. 2, 1862, p. 151).REM. Lartif, subst. masc., arg., synon. L'argot, étant l'idiome de la corruption, se corrompt vite (...). Ainsi le larton devient le lartif; le gail devient le gaye (HUGO, Misér., t. 2, 1862p. 199).Prononc. : [
]. Étymol. et Hist. XVIIIe s. arg. « pain » ici larton savonné « pain blanc » (Chans[on] ds ESN. 1966); cf. 1827 (VIDOCQ, Mém., t. 3, p. 92); 1836 larton brut « pain bis » (ID., Voleurs, t. 1, p. 240). De arton arg. « pain » 1455 (Procès des Coquillards ds SAIN. Sources arg. t. 1, p. 97) cf. 2e moitié XVe s. [ms.] (VILLON, Ballades, éd. A. Lanly, XI, 17 [ms. de Stockholm]) avec agglutination de l'article; ce terme que l'on retrouve dans tous les arg. romans est empr. au gr.
« pain de froment », peut-être par l'intermédiaire de la lang. eccl., cf. le lat. médiév. artos, 1243-48 ds Mittellat. W. Bbg. QUEM. DDL t. 5 (s.v. lartif).
larton [laʀtɔ̃] n. m.ÉTYM. XVIIIe, selon Esnault, puis 1827, Vidocq; de arton (1455) par agglutination de l'article, du lat. médiéval artes, du grec artos « pain de froment ».❖♦ Argot anc. Pain. || Larton brutal : pain noir; larton savonné : pain blanc (Hugo, les Misérables).
Encyclopédie Universelle. 2012.